Au fil des séances, je me suis aperçue que ce mot était un mot « pouvoir » qui activait parfois des émotions fortes chez les personnes que je reçois en séance. Je me suis rendue compte que ces personnes avaient même du mal parfois à le prononcer. Je l’ai vérifié de nombreuses fois dans mes échanges avec des clients, des confrères, mes proches : ce mot provoque ce « recul » bien reconnaissable sur le visage et dans le regard des gens...
Crédit photo : Jennifer Coulter
De quoi parle-t-on quand on parle de trauma ?
Prenons d’abord la définition du dictionnaire Wikipedia :
Un traumatisme (du grec τραῦμα (trauma) = « blessure ») est un dommage, ou choc, provoqué par une blessure physique grave et soudaine. Il peut être décrit en tant que « blessure ou dommage physique, tel qu'une fracture ».
Lorsque l’on parle du traumatisme émotionnel les pistes se brouillent un peu… car un traumatisme émotionnel ne concerne pas seulement des événements « graves et soudains » comme évoqué plus haut...
C’est aussi (et très souvent) l’enfance blessée silencieuse, l’enfance que l’on dit « normale » car il n’y avait pas de coups, de viols ou d’abus physiques.
Ce sont ces schémas familiaux basés sur la culpabilité et les reproches.
Ce sont ces relations fusionnelles imposées à l’enfant, basées sur la peur du danger, qui sous couvert de les « protéger » figent ces adultes en devenir dans la non-action et la peur de l’échec.
Ce sont ces relations de couple toxiques avec un/une partenaire qui distille son poison verbal jour après jour, détruisant la confiance et l’estime de l’autre.
Ce sont ces humiliations répétées dans le cadre de l’école, par des professeurs ou des camarades, qui abîment durablement la construction du lien à l’autre.
Et c’est ce que l’on appelle le trauma du développement. Et au même titre qu’il ne viendrait pas à l’idée d’un athlète d’aller courir un marathon avec une fracture ouverte à la jambe, il est fondamental de prendre soin des traumatismes émotionnels qui sont enfouis sous nos constructions d’adultes… car tôt ou tard, peu importe l’armure que l’on s’est construite, s’ils ne sont pas guéris, ils reviendront sous forme de schémas limitants, de jeux psychologiques et autre auto sabotages en tout genre...
La trauma n'est pas psychologique (pas que)
Il y a également un autre aspect peu connu du trauma émotionnel qu’il est important de prendre en compte : il n’est pas psychologique… il est physiologique, c’est-à-dire qu’il est inscrit dans la mémoire cellulaire de notre corps, et que c’est à travers le corps qu’il pourra se dissiper de façon pérenne.
Les travaux de Peter Levine (USA), docteur en Biophysique, démontrent que le trauma est une surcharge du système nerveux qui se « fige » dans les couloirs du temps, au moment précis (ou dans les périodes prolongées et répétées) des événements concernés… Et lorsque l’on parle de système nerveux, on parle bien du corps, et non pas du cerveau pensant. Ainsi, l’expérience somatique, ou tout autre expérience non verbale comme celle que l’on peut avoir avec les chevaux, peut désactiver la charge d'énergie qui était restée emprisonnée dans le corps, rendant possible le retour à une vie sereine.
Et c’est une très bonne nouvelle : lorsque que l’on parle de trauma émotionnel, en aucun cas il ne s’agit d’une condamnation à « perpétuité » car à chaque instant il est possible, dans la magie de cet espace qu'est l'instant présent, de renégocier ce qui s’est passé pour nous hier...
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